Pourquoi vouloir être malheureuse?

Interminable. Voilà le mot qui correspondait parfaitement à la situation qui se déroulait actuellement. Deux interminables semaines où nous attendions avec impatience qu'une personne vienne nous apprendre que nous pouvions enfin rejoindre nos maisons. Mais toujours rien, à part peut-être la possibilité que nous avions à présent de pouvoir vagabonder dans d'autres lieux que le simple gymnase. Pour ma part, cela me suffisait pour le moment, c'était déjà mieux que rien. Encore un jour de plus et j'aurai sans doute péter un plomb.

Je sentais l'air frais courir sur ma peau, c'était si agréable et j'avais préféré fermer les yeux pour me détacher un peu de la réalité -car croyez-moi c'était pas spécialement beau à voir. Des camions et des personnes étaient entrain de déblayer la voie publique, d'enlever la boue qui était encore incrusté dans le goudron. On voyait que Silver Lake retrouvait peu à peu son apparence d'avant même si on restait assez loin du compte. Mais qu'importait le paysage, cela faisait un bien fou de sortir et de pouvoir remarcher dans les rues, aller où on voulait ; enfin façon de parler.

Comme une bonne majorité de mes camarades, je parcourais la principale rue où se trouvait les boutiques les plus importantes. Je regardais les vitrines et les propriétaires remettre un peu d'ordre avant la ré-ouverture officiel de leur petite affaire. Je compatissais, personne ne voudrait voir ce qu'on a construit de ses propres mains partir presque en fumée à cause de la météo mais c'était la vie, n'est-ce pas ? En parlant de météo, il ne faisait pas chaud. On était en automne, déjà, et cela se voyait bien. J'avais eu raison de prendre un gilet. Je plaquais ce dernier contre mon corps alors que la légère brise soulevait mes cheveux dans tous les sens. Mes joues devaient sans doute avoir prises des couleurs à cause du froid.

Ce n'était qu'un début mais la hâte de retrouver la maison montait rapidement en moi, c'était parfois insupportable d'attendre mais nous devions tous prendre notre mal en patience malheureusement. Et j'espérai sincèrement que notre retour à Eagle Rock ne tarderait pas. Surtout qu'à présent, un nombre de chose avait changé...si puis-je dire ainsi. Machinalement je tournai l'anneau qui entourait mon doigt et mes yeux se sont baissés sur ce minuscule mais saisissant diamant. Je n'étais pas réellement fan des démonstrations affectives au milieu de personne que je ne connais pas vraiment, c'est ce qui m'a d'ailleurs surprise sur le coup. Je pouvais donc considérer qu'à présent, j'étais officiellement sa fiancée. Même si ce la demande en soit n'était pas surprenant, cela me faisait toujours un petit quelque chose. Et je me surprenais parfois à fixer cette bague des minutes entières sans vraiment savoir pourquoi. Je ne cherchais pas à attirer l'attention de quelqu'un sur mon doigt lorsque je commençais à tripoter le bijou, c'était devenu un pur réflexe. Quelques applaudissements, de félicitations... voilà ce dont je me souvenais de ce jour.

J'ignore combien de temps j'ai marché mais je me suis stoppée devant le Vinyls Street. Je posai mes mains sur la vitrine et je posai mes yeux pour essayer de voir à l'intérieur. Ce n'était pas glorieux, le sol était encore quelque peu crasseux mais j'aperçus du mouvement. Je me suis écartée de la vitre et j'ai fais quelques pas sur le côté afin d'atteindre la porte que j'ouvris ensuite. J'entrai dans la petite boutique en faisant attention à où je mettais les pieds. « Bonjour mademoiselle » retentit subitement à ma droite, j'ai sursauté par surprise. Ce n'était que le propriétaire des lieux. « Bonjour...Vous partez ? » ai-je répondu en le voyant faire des cartons et ranger des affaires personnelles à l'intérieur. Il m'a regardé, c'était un vieil homme qui n'inspirait rien d'autre que de la confiance. Je lui ai souris par politesse et il a fait de même. « Parfois il faut savoir tourner la page, j'ai pris cette inondation pour un signe. ». J'ai continué à le regarder, perplexe. J'aimais bien cette boutique même si je n'y venais que très rarement c'est vrai. Quelqu'un allait-il reprendre l'affaire ou allions-nous voir la boutique de vinyls disparaitre ? Je n'ai pas posé les questions qui me traversaient l'esprit, je me suis contentée d'avancer dans une rangée en parcourant de mes doigts les diverses couvertures.

Comme toutes personnes vivant sur cette terre, j'aimais la musique. Peut-être plus que la normale mais bon. Je tenais entre mes mains un vieux vinyl d'Elvie Presley, je lisais les titres et je n'ai pas relevé la tête lorsqu'une bourrasque de vent a fait voltiger mes cheveux. J'ai reposé le vinyl pour en prendre un autre et ainsi de suite jusqu'à sentir une présence derrière moi. Surprise, j'ai immédiatement levé la tête en émettant un son étouffé dans ma gorge. J'ai sentis quelque chose se poser sur mes oreilles et j'en ai découvert l'utilité que quand une musique s'est fait entendre. J'ai alors froncé les sourcils pendant qu'une main parcourait mon dos et qu'un souffle me caressait le coup. Cette odeur, elle me disait quelque chose et me fit tressaillir. C'était lui... Après plusieurs secondes, il retira le casque et se plaça devant moi. J'étais figée, seule ma tête avait légèrement bougé. « J'ignorais que tu avais décidé d'être malheureuse toute ta vie ? » dit-il sur un ton de reproche. J'ouvris la bouche pour lui répondre mais il ne m'en laissa pas le temps et enchaina immédiatement. Je m'y attendais. Dès lors que j'avais reconnu son parfum je savais que le sujet de mes fiançailles allait être sur le tapis. Ma main se posa sur mon front et je fermai les yeux à peine quelques secondes. Quand il eut finit, je me suis tournée vers le vieil homme qui rangeait toujours. C'était gênant et surtout imprudent. Si une personne venait à s'imaginer que... non. J'avais réussi à l'éviter depuis le premier jour où je suis arrivée au gymnase, mes efforts ne pouvaient pas se détruire maintenant.

« C'est plus compliqué que ça Matt'. Et ne me juge pas veux-tu ? Tu sais très bien que ça allait arriver tôt ou tard, ma vie est avec lui. Je ne vois pas en quoi ça te regarde de toute manière. »

Entre temps j'avais reculé d'un pas afin qu'on ne soit pas trop proche et ma voix était faible pour ne pas prendre le risque qu'on nous entende bien qu'on ne soit que les deux seuls clients à l'heure actuelle. En effet, toute cette histoire était compliquée, plus compliqué qu'il ne pouvait se l'imaginer mais la discussion qui allait suivre le serait tout autant...Je devais assumer, mais est-ce que je regrettais ?

Il hocha la tête signe qu'il approuvait ce que je venais de lui demander, j'affichai donc un fin sourire soulagé. Je ne faisais plus attention au proprio' car à en juger par l'expression de Matthew, ce n'était pas un problème que nous passions par l'arrière pour rejoindre la ruelle. J'en étais plutôt ravie, dans le cas contraire j'aurai mis un terme à mon entrevue avec Matt'. Je poussai la porte et je fis un léger pas en arrière lorsque je ressentis le vent frais contre ma peau, mon corps fut prit de frissons. Une fois que je fus acclimatée à la température, je sortis enfin. Et j'ignore ce qui s'est passé, mais je n'ai pas eu le temps d'avancer encore ou de dire quoi que ce soit que je sentis une pression sur mon bras me faisant basculer contre le corps brulant du jeune homme puis contre le mur ; il m'embrassa. Ce n'était pas un doux baiser comme ceux que j'avais reçu sur mon coup ou mon épaule, non celui-ci marquait davantage l'envie et le désir qui émanaient de Matthew, ce qui me surprit sur le coup. Par réflexe, mes mains se sont posées sur les épaules du jeune homme comme si je souhaitais le repousser mais je me suis alors détendue et mes mains se sont glissées le long de son coup pour atterrir sur ses joues. J'étais en train de lui rendre son baiser fougueux, je répondis sans remord au manque qui s'était installé durant deux semaines. Pendant ce court instant, j'oubliai tout, absolument tout. Une drôle de sensation parcourait mon corps et j'étais bien trop déboussolée pour y mettre un nom. Pendant le baiser qui paraissait durer une éternité, je sentis une nouvelle fois la fraicheur prendre possession de moi mais d'une manière plus violente qu'auparavant. Je me raidis et ce n'est que quand il se détacha de mes lèvres que je me rendis compte que je n'avais plus rien sur le dos mis à part... un très léger top. J'étais pétrifiée de froid malgré la chaleur provenant du corps de Matt' qui brûlait ma peau. Une raison pour laquelle je ne voulais pas qu'il s'éloigne trop, j'avais besoin de cette chaleur. Malheureusement, la réalité me rattrapa plus vite que je ne l'aurai imaginé. Matthew s'était arrêté -non pas pour reprendre son souffle...quoi que ?- mais pour m'avouer qu'il avait toujours envie de moi, et il me demanda si c'était une bonne chose. Perplexe, je soulevai un sourcil et me pinçai la lèvre inférieure. J'ignorai quoi répondre. Cela devait se lire sur mon visage que j'étais plutôt perdue. Quand il caressa ma joue de sa main, je ne bougeai pas, pourquoi tenterai-je quelque chose ? Cela ne servait à rien, c'était déjà trop tard. Cette main me faisait du bien, elle réchauffait une parcelle de ma joue. Mais ce geste s'était accompagné d'un mouvement de tête le conduisant à regarder le sol. « Comment tu me considères ? Je veux dire...je suis quoi pour toi ? » me dit-il subitement. Il n'en avait donc pas terminé...Je lui devais encore des justifications. Et sans que je ne puisse l'expliquer, je fus prise de panique, une boule se forma dans mon ventre et mes membres se contractèrent, était-ce le vent qui me faisait cet effet ou bien la question de Matthew ? J'aurai pensé que la réponse à cette dernière aurait été simple à donner mais finalement ce n'était pas le cas. Pourquoi ? Avais-je peur de le blesser, de dire quelque chose qui ferait qu'il m'en voudrait ? C'était stupide...

« Je...»

Mais je fus coupée dans mon élan quand il me demanda d'oublier cette question, je fis alors les gros yeux puis je finis par les plisser comme si j'essayais de déchiffrer ses pensées à travers ses yeux. Je le fixais, j'essayais de soutenir son regard mais j'avais l'impression que celui-ci me fuyait. La question que je devais me poser maintenant, était de savoir si je devais réellement répondre ou faire comme il me l'avait demander : oublier. Mes pensées furent court-circuitées quand je sentis ses lèvres de nouveau sur les miennes, mais il manquait ce quelque chose qu'il y'avait tout à l'heure...Ce qui m'encouragea à poursuivre ce que je comptais dire. Je devais essayer de lui donner une réponse, qui serait sans aucun doute vaste et peut-être même incompréhensible mais tant pis.

« Tu devrais le savoir...enfin tu m'es très cher si c'est ce que tu veux savoir. Même si le plus raisonnable serait qu'on s'éloigne, je dois avouer que j'en serai incapable parce que tu fais partie de ma vie. Tu m'as beaucoup aidé quand j'en ai eu le plus besoin, comment pourrai-je t'abandonner ? dis-je en l'interrogeant du regard puis repris, cette idée est inconcevable. J'ignore si c'est ce que tu voulais savoir... J'ignore ce que tu attends de moi tout simplement. Est-ce que... et toi ? Ai-je baissé dans ton estime ? M'en veux-tu ? » finis-je par souffler entre mes dents, murmurant comme quand nous étions dans la boutique, ma voix s'était faite plus douce que je ne l'avais voulu.

Je m'étais risquée à lui retourner la question mais au fond, étais-je vraiment sûre de vouloir connaitre la réponse ? Ne serait-ce pas plus simple de rester dans l'ignorance. Pourquoi j'avais la mauvaise impression que tout venait de changer à partir du moment où me demanda comment je le considérais. C'était un ami, avec des...avantages en quelque sorte. Je n'arrivais pas à me dire qu'il pouvait y avoir autre chose que cela. Surtout venant de sa part...C'était stupide, je le savais. Et j'essayais de me rassurer en me disant qu'il devait y avoir autre chose que...de l'amour. Ce n'était pas possible à mes yeux et cette idée me fit frissonner. Tout ce que je pouvais lier avec le fait qu'un de nous deux tombe amoureux de l'autre c'était de mettre un terme à toute relation. Chose qui me serait difficile, très difficile, voilà pourquoi je m'efforçais de ne pas croire en cette hypothèse.

Lorsqu'il reposa son regard sur moi, un autre frisson s'empara de moi. Son regard était froid, il ne m'avait jamais regardé de cette manière...et je faillis perdre contrôle de mes membres en me rendant compte que la situation était plus grave que j'aurai voulu le croire. Je compris alors qu'il m'en voulait, beaucoup. Mais pourquoi ? Ce n'était pas juste ! Je n'avais pas manqué à ma parole, j'avais été assez intelligente pour ne pas faire de promesse ou autre chose qui puisse y ressembler. J'avais assez vu ce genre d'histoire à la télé ou même dans la réalité pour savoir qu'il ne fallait pas trop jouer avec le feu ; de toute manière mon futur était déjà écrit. Que je le veuille ou non, je n'avais pas mon libre arbitre sur ma vie sentimentale. C'était ainsi, un point c'est tout, je m'y étais habituée. Une fois de plus je tressaillis en l'entendant prononcer ses premières paroles depuis quelques minutes déjà ou alors c'était des secondes qui me parurent anormalement longue. Peu importe, mes peurs se confirmèrent quand j'entendis sa voix qui n'avait rien à voir avec la douceur dont il m'avait habitué. J'ignorai que sa voix était si...rauque, si dur. Il était furieux contre moi, je ne rêvais pas. Qu'avais-je fais pour le rendre ainsi ? Était-ce à cause de mon futur mariage ? Mon visage se crispa et je ressentis un pincement au cœur quand il m'avoua que j'étais importante à ses yeux. J'étais effrayé, mais je ne pouvais pas nier être soulagée de lui être une personne si chère. Quitte à le faire souffrir apparemment... Mais ce soulagement fut réduit à néant quand il osa ajouter qu'il aurait voulu que je ne sois jamais entrée dans sa vie. Et là, c'était moi qui était blessée, moi qui était en colère. Comment osait-il me dire cela sur un ton de reproche ? Cependant, je ne pouvais pas lui en vouloir plus longtemps car sa voix c'était faite plus calme, celle dont j'aimais tant et c'était pour m'annoncer...pour me confirmer mon hypothèse. Mon visage affichait une expression de surprise mais c'était plus de la comédie qu'autre chose. J'avais déjà eu cette idée, ce n'était pas pour rien, quelque chose avait dû me mettre sur la chemin. J'étais définitivement dans une situation des plus complexes. Si j'étais une personne sans cœur, je lui dirai d'aller se faire voir et de m'oublier, mais j'étais beaucoup trop sensible pour lui faire endurer une telle chose surtout que j'étais déjà l'auteur de ses malaises actuels.

A cet instant, j'aurai voulu me dégager de son emprise, j'avais besoin de retrouver mon espace. Ses quelques centimètres qui nous séparaient ne m'aidaient pas à y voir plus clair. Maintenant qu'il ne disait plus rien, je me sentis obligée de dire quelque chose, de répondre mais que pouvais-je bien dire ? Et comme s'il lisait dans mes pensées, je n'eus pas le temps de sortir un quelconque son de ma bouche que Matthew reprit la parole. J'aurai finalement préféré qu'il ne dise rien. Mon cœur se brisa, non pas parce que ses sentiments s'avéraient être réciproque mais parce que je n'avais pas envie de perdre mon ami. Et je me rendis compte que je m'en voulais de ne pas ressentir la même chose que lui à son égard, ce qui était assez idiot. La réalité était beaucoup trop dure à mes yeux, j'allais me marier et lui, lui venait de me faire une sorte de déclaration. Une partie de moi était d'accord avec ce qu'il venait de dire, que nous devions nous séparer, ne plus nous voir ; que ce soit en tant qu'ami ou...plus. Mais l'autre partie ne voulait pas le voir partir parce que ce départ serait définitif. Pourquoi les sentiments venaient tout compliquer ? J'avais ma part de responsabilité malgré tout, j'en étais consciente. Le pire dans cette histoire c'est que je devais lui mentir, enfin...le résultat serait le même. J'étais perdue dans mes pensées, mes mains auparavant posé sur ses épaules les quittèrent douloureusement pour rejoindre mon visage et j'enfouis ce dernier dans mes mains. J'avais besoin d'un peu de temps pour encaisser ces révélations. Il ne m'avait pas laissé le temps de dire quoi que ce soit, mais qu'aurai-je dis ? J'étais incapable de trouver les bons mots et ce genre de situation me mettait extrêmement mal à l'aise. Je soupirai puis laissai tomber mes mains le long de mon corps. Une chose était sûre : je devais partir. Je me baissai -et ce mouvement l'écarta de moi- afin de reprendre mon pull. Il me regardait, sans doute pressé d'entendre ce que j'avais à dire. Je secouai le tissu épais pour enlever les saletés puis le remit sur moi. Je tirai un élastique de mon poignet et fit un chignon avec mes cheveux. Maintenant qu'il était à une distance correct, j'avais de nouveau froid mais ce détail m'importa peu. Je le fixai à présent, je ne pouvais plus retarder le coup final.

« tu as...raison » dis-je sur un ton qui se voulait neutre, je ne voulais pas paraitre dur mais je voulais montrer que j'étais forte, alors qu'intérieurement, j'avais mal. Je fis un pas sur le côté, me rapprochant vers la sortie de la ruelle. « Je ne quitterai jamais Deyton et par conséquent il serait plus approprié que nous arrêtions de nous voir. » repris-je, j'avais l'impression que c'était une autre personne qui parlait, comme si je n'avais pas d'emprise sur mes paroles. Et c'était presque le cas, car je ne voulais pas mettre un terme à notre relation. Mais je le devais pour ne pas le faire plus souffrir que je ne le faisais en ce moment. Je m'en voulais d'être...ainsi. « Il faut que j'y aille. Dey...on m'attend. » J'espérai qu'il ne fasse pas attention au fait que j'allais prononcer le prénom de mon futur mari. C'était des adieux, et j'avais horreur de cela. Je ne l'avais pas quitté du regard, tous deux silencieux. Finalement, je lui tournai le dos et commençai à partir. J'avais une folle envie d'y retourner et de le prendre dans mes bras, une dernière fois, mais c'était impossible. Une main frôla rapidement ma joue où je me rendis compte qu'une larme s'était échappée. Une fois de plus j'avais tout perdu. Je n'aurai jamais dû venir à Eagle Rock...