Asano Blossom desu. Hajimemashite.

« Tu es certain que personne ne va venir ici? »

La voix était celle d’une petite japonaise, jeune fille sortant à peine de l’enfance. Elle avait effectivement fêté ses douze ans il y a trois mois. Elle jetait un regard circulaire à la pièce dans laquelle elle se trouvait, soit une modeste salle qui servait de garde-manger… Ce qui, en soit, est peu commun dans les foyers nippons qui sont généralement succincts. Curieusement, les Asano semblaient faire exception à cette réalité que partagent des millions d’unités familiales. Peu importe était leur cas, la cadette de l’époque ressentait une énorme nervosité jumelée à l’ébullition d’adrénaline d’outrepasser les règlements parentaux qui lui étaient imposés. Ses géniteurs étaient loin, soit dans leur nouvelle demeure en Amérique… Alors qu’elle, elle était restée derrière avec de la parente plus ou moins éloignée. Par ailleurs, c’est en compagnie d’un membre de celle-ci qu’elle se retrouvait dans cet endroit confiné. Il s’agissait de son cousin lointain du prénom de Shuichi, de deux ans son aîné. Encore trop jeune pour savoir bien respecter les limites familiales, la jouvencelle aux yeux bridés avait cultivé une certaine admiration pour le charme flagrant de son camarade. Tout avait débuté d’une façon des plus innocentes… Jusqu’à ce que le principal concerné remarque le surplus d’attention qu’il recevait de sa cadette. Lui aussi était encore trop jeune pour savoir reconnaître la flatterie, sans pousser l’affaire trop loin. C’est ainsi que les deux jeunes gens liés maigrement par le sang s’étaient retrouvés à attendre impatiemment que les parents de Shuichi quittent la demeure pour aller à un dîner avec des clients. Personne ne savait le temps que cette rencontre allait durer, mais cela était le dernier des soucis des adolescents rebelles. Ils se croyaient dans la meilleure cachette provisoire et ce, malgré le fait qu’ils étaient seuls dans cet appartement en plein cœur de Sapporo, Japon.

« T’inquiète, mes vieux ne reviendront pas tout de suite. Et puis, de toute façon, qui voudrais-tu voir arriver ici à cette heure? Tout le monde est au boulot, ne. Sans compter que nous avons attendu quinze minutes… Si mes parents avaient eut à revenir, ils l’auraient déjà fait. »

Perçant l’interdit, le garçon se pencha doucement par-dessus sa cousine, prenant le satiné visage de cette dernière entre ses mains. Il y avait un tourbillon de papillons dans son estomac… Puis il allait sans dire que la japonaise ressentait la même sensation étrange. N’en déplaise à son entourage par la suite, la muse ferma ses paupières en attendant impatiemment le reste de cette action prohibée. Le contact était purement expérimental mais, tout de même, il parvint aisément à créer des frissons chez les deux êtres qui le partageaient. Il s’agissait d’une nouveauté, autant pour l’un que pour l’autre. Quasiment de façon simultanée, leurs mains s’étaient lancées dans une exploration qui ne devrait avoir lieu à cet âge. Pourtant, elles osaient à la rencontre de l’inconnu… Comme s’il n’avait plus rien pour les arrêter. Leurs corps avaient reçu comme mission d’enregistrer chaque petite sensation, de découvrir tout se qui pouvait se cacher chez l’autre. Leurs sens n’avaient qu’un seul centre d’attention, ainsi qu’un seul étant réellement aux aguets : le toucher. Entièrement absorbés par leur recherche pragmatique, les jeunes adolescents n’auraient être plus désemparés lorsque leur étreinte s’envola en fumée… Shuichi était violemment ramené par l’arrière par une main de fer sortie de nulle part. Sous le choc, la fille aux cheveux plus noirs que la nuit se releva et sortie en trombe de la pièce. Elle était en plein état de panique, cherchant désespérément son cousin. Il ne se trouvait pas dans la cuisine… Mais avec la venue de bruits de débat et de cris, la nippone sut qu’elle devait immédiatement se diriger vers le salon. À sa plus grande stupeur, c’était son oncle, soit le frère de son père et non celui chez qui elle résidait depuis un an maintenant, qui assaillait son neveu. Ce fut au coût d’un coup en plein visage que la jouvencelle mit fin à l’affront…

Pressant un mouchoir contre son nez, la japonaise espérait fortement que le flot de sang cesse de couler… C’était déjà assez humiliant d’être assise en plein centre du divan, Shuichi dans la même position mais en face d’elle, avec l’oncle qui était des plus imposants dans son fauteuil de cuivre marron. Elle arrivait péniblement à croire qu’ils s’étaient fait prendre dans leur jeu… Eux qui venaient à peine de commencer. Le vieillard, inconcevablement en forme malgré son âge avancé, arrivait tout droit des Etats-Unis… Ramenant avec lui des nouvelles des parents de sa protégée… Qui s’était fait agressé, à ses yeux. Il était impossible qu’elle ait volontairement accepté de s’enfermer dans le garde-manger avec cet ingrat sale. Il la connaissait comme la prunelle de ses yeux, elle n’était pas comme ça. C’était sa petite nièce adorée, la plus merveilleuse du monde entier… Ce pourquoi tout le blâme allait sur les épaules du cousin, malgré les protestations de la victime désignée. Ce fut le drame familial au retour des parents. Personne n’écoutait ce que les acteurs principaux avaient à dire, leurs répliques se perdaient dans le vacarme qui animait la chaumière au deuxième étage du bloc à appartements de luxe. Jamais un tel phénomène n’avait été observé chez les Asano, c’était une vraie honte pour leur maison que d’avoir un profiteur au sein de leur famille. La décision fut rapidement prise : la donzelle irait rejoindre ses parents en Amérique. Au grand malheur de celle-ci, elle ne sut jamais quel fut le sort exact de son premier amour… interdit. Tout ce qu’on accepta de lui dévoiler fut qu’il ne faisait plus partie de la famille Asano. En somme, on avait renié au garçon son identité… Mais on n’entendit plus parler de lui et, si jamais des nouvelles se rendaient aux oreilles de la famille… Celles-là ne faisaient aucunement leur chemin jusqu’à l’exilée aux Etats-Unis.

Et quel était le nom de cette jeune fille au passé trouble? Cette adolescente qui avait causé la perte de la première chose qu’elle avait chérit? Asano… Blossom Asano.

Une voiture de luxe était stationnée devant la demeure nouvellement acquise par une demoiselle dans la fleur de l’âge. Bien que cela ne lui aurait pas déplut, le véhicule n’était pas le sien. Non, il appartenait à son paternel qui n’avait jamais pu se contenter d’une automobile identique à celle du reste, soit des autres. Il gagnait un excellent salaire, il lui fallait donc un moyen de transport en conséquence de ses moyens. C’est d’ailleurs avec cette mentalité qu’il en était venu à se forger l’idée de lancer sa progéniture vers une vie qui se voudrait fructueuse. Tel un bon père japonais, il payait les études de son ange… Puis tel un bon père américain, il voulait récompenser en grand l’anniversaire de sa fille unique. Depuis le retour de celle-ci du Japon, il y a de cela plusieurs années, elle était toujours sagement restée dans le nid familial. Et ce, jusqu’à la venue de ses 21 ans, où elle fit pour la première fois mention d’un désir d’étendre ses ailes. De fil en aiguille, la famille Asano s’était lancée dans la recherche du logement idéal pour ce trésor brillant de mille feux. Après une drôle de rencontre avec cette madame Tiggs, la décision fut rapidement prise : Blossom prendrait racine dans le cartier d’Eagle Rock. Son vieux se portait garant des paiements jusqu’à ce que son enfant se soit stabilisé financièrement avec un vénérable emploi en tant que médecin.

Pour en revenir à cette magnifique voiture qui ne faisait qu’une brève apparition dans le voisinage, elle n’était pas le seul véhicule de passage en ce jour d’automne. En effet, un camion de déménagement empruntait de l’espace dans la rue (les parents ayant pris sans remords le stationnement). Quelques hommes peu attrayants s’affairaient à emmener les nombreuses boîtes de carton à l’intérieur de la maison... Sous le regard sévère du paternel, de brefs coups d’œil de la mère, ainsi qu’en suivant les indications du seul visage amical parmi leurs employeurs. La jeune femme aux courts cheveux soyeux était la seule à se montrer sympathique… Chose due, sans aucun doute, à l’excitation d’avoir son chez-soi bien à elle. Peu importait aux déménageurs, ils en auraient terminé avec ce contrat dans une demi-heure. Ils pourraient, après cela, se tourner vers leur second travail de la journée.

Tel que prévu, le camion décolla à une heure de l’après-midi, pas une seconde de plus ou de moins. Refermant la porte d’entrée derrière lui, le patriarche retourna en direction de sa perle qu’il serra fortement… Pendant que la matrone disait à quel point elle était fière de son poussin, que ce devait être le plus beau et plus triste jour que de la voir quitter la maison, ainsi que le traditionnel discours d’une mère surprotectrice. À l’image de 93.7% de tous les autres enfants de ce monde, la nipponne affirmait que ce n’était rien, puis que tout se passerait bien pour elle. Elle mangerait tous ses légumes, ferait tous ses devoirs, verrouillerait toutes ses portes et n’oublierait pas de se laver derrière les oreilles! Évidemment, la dame ne put s’empêcher d’ajouter qu’il ne fallait pas oublier de se brosser les dents au moins deux fois par jour. Cet épisode se termina avec un rire général qui dura relativement longtemps. Il permettait de masquer ce que tous les membres de cette famille savaient, mais n’osaient dire à voix haute par respect pour la tradition. Certes, ils s’appréciaient les uns les autres… Néanmoins, toutes leurs bonnes intentions ne les avaient jamais rapprochés. Certaines choses étaient toujours en travers de leurs chemins… Bien qu’ils seraient les derniers à l’admettre.

L’après-midi s’était entamée sur cette note maladroite qui avait tout de même détendu l’atmosphère. Par la suite, les Asano avaient rattrapé les précieuses minutes perdues en se lançant dans le rangement des objets les plus pressants. Les heures se défilaient rapidement en ces lieux vides qui prenaient tranquillement des aires de foyer habité par autre chose que l’air de Silver Lake. Après un premier dîner familial dans la chic demeure, ce fut le temps de se dire au revoir. Il n’y eut pas de larmes, ni de crises, que des mots accompagnés d’enlacements typiques… Puis ce fut le silence total…

Pour l’espace d’un bref instant, oui! Dès que les lumières de la Porsche eurent disparues au loin, on entendit un cri de joie retentir dans la maison. Il n’en fallut pas plus pour assister à un spectacle d’air guitar, un concert pop, des sketchs humoristiques, des imitations de figures importantes… Pour que la starlette termine allongée de tout son long, à plat ventre, sur son sofa. Blossom riait aux éclats ; cela lui faisait tant de bien d’avoir son chez soi, un endroit où elle était libre de faire à sa guise… Soit d’en faire à sa tête jusqu’à 9h34 du soir… 9h34… 9h34 du soir alors qu’elle avait un rapport à faire pour la première heure demain matin? Ah, merde! Il fallait bien que l’étudiante se laisse emporter par le sentiment de libération laissé par le départ de ses vieux, naturellement. La japonaise de souche se leva à la hâte, partie à la course en direction de sa chambre puis, inévitablement, elle trébucha dans un tapis et se cogna un pied après une patte de lit. Ça ne commençait pas très bien la Mission Impossible 4 : Le devoir infernal!

Dès la constatation de son retard pour son travail important, la nouvelle habitante d’Eagle Rock s’était lancée dans un combat épique avec le dit travail. Ses papiers étaient tous éparpillés sur la table, parmi les crayons, stylos, surligneurs et autres. La demoiselle aux pupilles de jais aurait pu sembler s’être transformée en machine si ça ne serait des moments où elle tentait de s’arracher les cheveux. Ses mains étaient guidées par son instinct de survie étudiante. En somme, le corps de l’américaine fut animé d’une motivation quasi surnaturelle jusqu’aux petites heures du matin. Comme quoi, son cœur frôla une seconde crise cardiaque en constatant que le réveil n’avait pas été branché la veille… Et que la jeune femme était bien partie pour être en retard! Plus rapide que la lumière, la nipponne sauta dans la douche, enfila ses vêtements, puis sortie à la course de sa maison avec une tranche de pain entre les dents et son sac d’école sur son épaule. Après avoir monté sur son vélo, elle quitta le cartier en pédalant comme jamais!



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Et voilà, ma présentation est terminée. :3 (Si tout est correct, bien évidemment.)